Lutte contre la criminalité en zone urbaine au Cameroun

Criminalité

Contexte

La question de la criminalité dans les zones urbaines est depuis toujours un sujet très épineux qui malheureusement prend de l’ampleur au fil des ans. Elle se manifeste sous diverses formes. Le phénomène des « Microbes » que nous déplorons aujourd’hui dans la ville de Douala, n’est qu’une des nombreuses facettes de cette criminalité galopante. Au-delà de s’interroger sur les moyens de répression de ces actes criminels qui incombent d’ailleurs à l’Etat, il faut se positionner en amont et poser le problème de la prévention de la criminalité. Prévenir les actes criminels passe avant tout par l’identification de leurs auteurs, mais surtout par leur dénonciation. La dénonciation est le moyen le plus efficace pour prévenir la criminalité étant donné qu’elle consiste à relayer aux autorités compétentes les moindres marques de déviation. 

 Pourtant, la dénonciation, cet acte simple et salutaire prévu par le code de procédure pénale en son article 135 est des plus rares dans la ville de Douala, et les criminels se forment au grand regard des populations. Nous constatons que pour de multiples raisons, entre autres la peur des représailles par ces délinquants, encore appelés le « retour », les populations délibérément laissent proliférer le crime. On peut ignorer un enfant du quartier qui se promène sans être inquiété avec couteau ou lame de rasoir et qui prend par force les biens des personnes qu’il rencontre et tout simplement parce que celui qui parle peut se voir agressé par ce dernier. 

 On peut ignorer un cas d’agression en plein marché parce que les commerçants connaissant la témérité de l’agresseur ont peur de prendre le risque de le dénoncer à cause des représailles de ce dernier. Par conséquent, le taux de criminalité et de criminels s’accroit sous nos yeux alors que moult moyens de dénonciation existent et qu’elle peut même être « anonyme ». Le code de procédure pénale stipule que la dénonciation peut se faire par tout moyen. Aucune forme n’est donc prescrite. Il convient cependant et suivant les nécessités du contexte de privilégier la voie de la dénonciation anonyme. 

JUSTIFICATION

La « dénonciation anonyme » est l’une des formes de dénonciation très peu connue des usagers et qui semble être la plus indiquée dans le contexte de nos villes en l’occurrence Douala où la plupart des usagers ont peur de dénoncer le bourreau. On peut comprendre que par souci de protéger leur vie, les usagers peinent à dénoncer les délinquants ou les criminels. Mais seulement, il faut désormais sensibiliser les populations sur l’obligation qu’elles ont de dénoncer tout crime ou délit. (Voir article 135 al 2 : « toute personne ayant connaissance d’une infraction qualifiée crime ou délit, est tenue d’en aviser directement et immédiatement, soit le Procureur de la République, soit tout officier de police judiciaire, ou à défaut, toute autorité administrative de la localité ».

Par ailleurs, ce même article en son alinéa 5 dispose que « tout fonctionnaire au sens de l’article 131 du Code Pénal qui, dans l’exercice de ses fonctions, a connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en aviser le Procureur de la République en lui transmettant, le cas échéant, tout procès-verbal ou tout acte y relatif ». Et l’article 136 prévoit en plus des sanctions pour tout fonctionnaire qui s’abstiendrait à cette tâche : « l’inobservation des dispositions des alinéas 2, 3, 4 et 5 de l’article 135 est passible des peines de l’article 171 du Code Pénal »

L’esprit de ces différents textes qui vise pourtant à prévenir et à promouvoir la dénonciation semble ne pas porter des fruits. Cela peut se comprendre par le fait que les populations destinataires de ces lois n’ont pas connaissance desdites lois et même si elles en avaient connaissance, elles s’abstiendraient pour les raisons sus-évoquées. En encourageant les usagers à dénoncer les délinquants ou les criminels, il va falloir les éduquer sur les formes et moyens de dénonciation et surtout la méthode qui est de nature à les protéger le mieux. La forme de dénonciation la mieux indiquée à Douala est la « dénonciation anonyme ». Elle est prévue par le législateur et elle permet à l’usager de dénoncer une personne sans révéler son identité. Cette approche du législateur permet de protéger le dénonciateur et encourage les dénonciations, toujours est-il qu’il faut dénoncer en se mettant à l’abri des représailles. 

Ne dit-on pas que « prévenir vaut mieux que guérir » ? 

C’est au regard des récentes sorties des « microbes » et de l’expansion de la criminalité dans la ville de Douala que la SOCIPRODD a mis sur pied ce projet de prévention de la criminalité. On peut cependant noter que les actions de prévention sont d’une très grande importance dans la lutte contre cette criminalité parce qu’une fois que le préjudice est posé et que la répression prend effet, on peut relever des conséquences :

– Sur le plan sécuritaire. Lors des opérations de répression, les vies des éléments des forces de maintien de l’ordre et celles des usagers sont en danger (cas des attaques ou ripostes manquées, cas des erreurs sur la personne comme par exemple une balle perdue ou l’arrestation d’un innocent). 

– Sur le plan social : les mesures édictées par les autorités dans un contexte de répression sont restrictives des libertés et le climat social devient invivable sans compter les pertes en vie humaine ou les blessés etc.

– Sur plan économique : certains commerces sont obligés de fermer plus tôt soit volontairement ou sur l’ordre des autorités ce qui affecte l’économie en général (ex : la fermeture de certains débits de boisson et la restriction des circulations des moto-taximen etc.). En plus, les mesures répressives entrainent d’énormes dépenses dans les budgets de fonctionnement qui se font déjà rares. 

La répression est l’une des fonctions de la loi qui est mise en exécution après que les autres fonctions aient été mises en œuvre. Notre organisation entend donc accompagner l’Etat du Cameroun dans la lutte contre la criminalité par la méthode préventive (information et sensibilisation) des populations sur les formes et méthodes de dénonciation.

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